Effectivement la compréhension ça s’apprend.
Une séance de compréhension concède la parole aux élèves pour expliquer, justifier, valider les réponses. C’est une activité complexe qui requiert des compétences spécifiques :
– de décodage
– linguistiques
– textuelles
– référentielles
– stratégiques
Les élèves sont donc confrontés à des difficultés liées à leurs connaissances (vocabulaire, domaine), aux opérations cognitives (décodage, mémoire limitée) qui touchent tout autant les lecteurs habiles que les moins performants. Par contre savoir inférer (lire les blancs), interpréter (faire le film) et contrôler sa compréhension seraient l’apanage des "compreneurs" les plus habiles.
Plus tôt on entraîne l’élève à inférer plus il aurait de chances d’accéder à un meilleur niveau de compréhension. Il ne faut pas confondre inférer et faire des hypothèses. L’hypothèse demeure tant qu’il n’y a pas de confirmation par la lecture.
Inférer c’est :
– établir des liens logiques
– accepter de dépasser la compréhension littérale
– décider de chercher ce que le texte ou l’image ne disent pas
– faire appel à son vécu culturel
– produire une information nouvelle à partir des informations disponibles
établir des liens de cohérence
Il faut, en conséquence, agir sur le comportement du lecteur qui n’a pas le réflexe de faire appel à son vécu ou de convoquer sa mémoire, d’interroger le texte. L’enseignant va le provoquer, l’intriguer, créer des situations problèmes de lecture dans toutes les disciplines et tous les domaines. Il va mettre en place une pédagogie explicite :
1° annoncer et expliquer les apprentissages visés
2° présenter des problèmes à résoudre et des processus à employer
3° en faire une pratique dirigée par l’enseignant
4° en faire une pratique autonome : entraînement et synthèse collective
5° institutionnaliser des savoirs (traces)
A l’oral l’enseignant va poser des questions qui vont mettre à jour l’inférence :
En maternelle et au CP ce seront celles traitant du lieu ; de l’agent ; du temps ; de l’action ; de l’objet.
Au CE1 les mêmes inférences seront entraînées et l’on pourra ajouter celles traitant de l’instrument ; de la catégorie ; de la cause ; de l’effet.
Bien sûr les autres peuvent être abordées comme les sentiments ; le problème et sa solution.
Le questionnement implicite invite au raisonnement et à la déduction, à la synthèse du texte. Il s’élabore autour de la mise en lien et de la reconstruction de la cohérence du texte. Les situations visent l’acquisition d’automatismes pour repérer entre autres les incohérences et les anomalies dans un texte ou une image.
Les élèves sont amenés à composer une typologie de questions associée à une typologie de réponses.
À l’aide d’un support adapté, l’enseignant fait élaborer des questions qui comportent les 4 composantes :
Je trouve la réponse dans le texte,
Je trouve la réponse à différents endroits du texte
Je trouve la réponse dans le texte et dans ma tête
Je trouve la réponse dans ma tête. La réponse n’est pas écrite dans le texte
Au cycle 2, il s’agit de travailler le questionnement implicite et explicite d’un texte ou d’une image. Grâce à une démarche explicite on va aider les élèves à se préparer, à se créer un horizon d’attente, à se faire le film de l’histoire, à se construire des stratégies pour questionner le texte et répondre à des questions de compréhension fine qui lui permettront d’être actif.